Je vais vous avouer que j’étais un peu déconfite quand j’ai vu que le restaurant McGill hot-dog avait décroché son affiche et blanchi ses fenêtres. On y préparait la meilleure poutine dans le quadrilatère du Vieux Montréal où je travaille. Situé juste à côté du bar Le Confessionnal, très couru par les « cinq à septeux », l’endroit était ouvert depuis des lustres. Qu’allait-il advenir de ce local? Allait-on simplement agrandir le bar? Rénover le greasy spoon? En faire un salon de coiffure? Les foodies observaient les travaux comme d’autres surveillent la couleur de la fumée qui sort de la cheminée papale pendant le conclave. Sur Twitter, chaque nouvel élément était communiqué avec empressement. « La peinture est la même que pour le Confessionnal ». « Ça appartient aux propriétaires du Burgundy Lion » et finalement la révélation. « C’est un restaurant de fish and chips! » Le nom de ce nouvel établissement : Brit & Chips.
Je m’y suis rendu par cette journée grise avec ma collègue Daniela. Les nibbles, soit les entrées et petites bouchées, nous font de l’oeil : scotch egg, crevettes popcorn tandoori et accras de morue sont très, très tentants. Les pies and pasties aussi. Mais les assiettes semblent copieuses et nous décidons de nous concentrer sur le poisson.
Sur l’ardoise, plusieurs propositions, dont l’intriguant hake avec panure Orange Crush. Mon choix s’arrête finalement sur l’aiglefin avec panure au sirop d’érable. En accompagnement, on offre de la purée de pois (mushy peas), diverses marinades et des fèves au lard. J’ajoute les mushy peas à mon repas, question de me faire croire que je ne vais pas jute me goinfrer de friture. Le restaurant est presque plein et nous prenons place à un des comptoirs avec tabourets, puis passons notre commande à la gentille serveuse. Il y a aussi des tables au fond du resto, mais elles sont toutes pleines. Sur la table, un bouteille de vinaigre de malt annonce de bonnes choses. C’est clair que les propriétaires ont pensé à tout pour donner une touche d’authenticité à l’ensemble.
Après quelques minutes, notre poisson arrive servi sur une feuille imprimé aux motifs de papier journal.
La cuisson du poisson est parfaite et la panure a une fine pointe de goût d’érable sans que ça soit sucré. La purée de pois… goûte la purée de pois! Elle devient vite froide, alors je l’avale en premier. Les frites dorées sont joufflues et salées. On se régale avec bonne humeur. Et nous ne sommes pas les seules : le restaurant est maintenant plein à craquer de gens qui mangent sur place ou qui font la file et repartent avec leurs repas dans une boîte de carton qui fait l’envie des passants. J’imagine qu’il doit être presque impossible d’avoir une place le vendredi midi.
Coût de mon repas avec une boisson gazeuse : environ 15 $. La bonne affaire! Près de la sortie, on propose une petite vitrine de produits anglais en vente : croustilles à la sauce worcester, tartinade Marmite, Golden Syrup et autres victuailles dont le goût vient avec l’usage.
Je peux donc sécher mes larmes : avec un tel restaurateur dans le vieux, McGill hot-dog ne me manquera pas. Je souhaite beaucoup de succès à ce restaurant qui apporte de la nouveauté dans un quartier où il est difficile de trouver des options originales autres que soupes, sandwiches et burgers quand vient le temps de luncher à bon prix. Long live Brit & Chips!
Brit & Chips
433 rue McGill
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